L’impact des clôtures entourant les centrales photovoltaïques en milieu naturel est souvent sous-estimé, alors qu’il constitue un facteur d’altération écologique important, en particulier dans les zones à forte biodiversité (garrigues, zones humides, ZNIEFF, Natura 2000, etc.). Voici une analyse détaillée de leurs effets :
⚠️ 1. Fragmentation des habitats naturels
Obstacle à la circulation de la faune (mammifères, reptiles, amphibiens) : les clôtures empêchent les déplacements, ce qui fragmente les territoires de chasse, reproduction, repos ou migration.
Perte de connectivité écologique : en zone Natura 2000 ou ZICO, cela contrevient à l’objectif de continuité écologique défini notamment par la Directive Habitats-Faune-Flore et le SRADDET.
Effet « barrière » pour les espèces protégées : hérissons, tortues d’Hermann, couleuvres, lièvres ou même les cervidés peuvent être piégés ou déviés de leur corridor écologique.
🐾 2. Risques directs pour la faune
Blessures, mortalité : certains grillages sont mortels pour les animaux qui s’y coincent (oiseaux de moyenne taille, reptiles, petits mammifères).
Pièges à reptiles : en été, les clôtures métalliques se réchauffent et attirent les reptiles qui cherchent de la chaleur ou de l’abri, ce qui peut entraîner leur mort.
Empêchement de fuite en cas d’incendie : les clôtures peuvent coincer les animaux lors de départs de feu, ce qui est crucial en zone méditerranéenne à risque incendie élevé.
🦅 3. Modification des comportements de prédation
Effet « piège écologique » : les clôtures peuvent attirer certaines espèces prédatrices (corvidés, renards) qui utilisent les structures pour guetter leurs proies piégées à l’intérieur ou en périphérie.
Nids et perchoirs opportunistes : certains rapaces ou pies nichent ou se perchent sur les poteaux ou grillages, modifiant les équilibres écosystémiques locaux.
🌱 4. Impact sur la flore
Modification du pâturage ou du passage des espèces herbivores (lapins, chevreuils), ce qui peut entraîner une évolution anormale de la végétation et favoriser les espèces invasives.
Effet coupe-feu artificiel mal maîtrisé : une clôture peut empêcher l’entretien par des pratiques traditionnelles (pastoralisme, débroussaillement), augmentant le risque de feu.
📜 5. Problèmes réglementaires
Non-conformité aux documents d’urbanisme : certaines clôtures peuvent contrevenir à la règlementation locale (PLU, SCOT, charte Natura 2000).
Absence d’étude d’impact spécifique sur la clôture : souvent, les clôtures sont installées sans évaluation de leurs impacts indépendants, ce qui constitue une faille juridique exploitable dans un recours.
Article L411-1 du Code de l’environnement : toute perturbation intentionnelle d’espèces protégées ou dégradation de leurs habitats est interdite – y compris par des aménagements comme des clôtures.
✅ Bonnes pratiques recommandées
Clôtures perméables à la petite faune : grillage soulevé à 20 cm du sol ou équipé de passages.
Clôtures à maille large (≥15 cm) pour laisser passer les grands reptiles et mammifères.
Absence de barbelés ou de fil en haut pour éviter les blessures aux oiseaux ou aux cervidés.
Instauration de trames vertes et bleues internes et externes aux centrales pour garantir la continuité écologique.
Pose de passages fauniques tous les 100 m si clôture continue.
📚 Sources scientifiques et techniques
Office Français de la Biodiversité (OFB) – fiches techniques sur les impacts des infrastructures linéaires.
INRAE – études sur la fragmentation des habitats par les aménagements énergétiques.
LPO, FNE, SFEPM – rapports sur l’impact des clôtures sur les corridors écologiques.
Rapport de l’Ae (Autorité environnementale) – critiques régulières sur l’absence d’évaluation des clôtures dans les projets photovoltaïques.
Guides « Éviter, Réduire, Compenser » (ERC) appliqués aux infrastructures énergétiques.